Alors que le gouvernement d’Alassane Ouattara est toujours retranché dans l’hôtel du Golf à Abidjan, son premier ministre, Guillaume Soro, a appelé mardi 21 décembre les Ivoiriens à “la désobéissance au gouvernement factice” de son rival Laurent Gbagbo, et ce “jusqu’à son départ”.
Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo se font face depuis l’élection présidentielle du 28 novembre, qu’ils estiment tous les deux avoir remportée. Leur opposition, alors que la communauté internationale a appelé le président sortant Gbagbo a reconnaître sa défaite et à quitter le pouvoir, a conduit à la nomination de deux gouvernements leur étant liés, et à une escalade dans les affrontements meurtriers entre leurs partisans en Côte d’Ivoire ces dernier jours.
“LES HEURES LES PLUS SOMBRES” DE L’HISTOIRE IVOIRIENNE
Mardi, Guillaume Soro s’est adressé aux Ivoiriens vivant “dans les campements, villages et villes” pour les prier “de s’organiser, de se mobiliser et de manifester par tous les moyens jusqu’au départ de Laurent Gbagbo du pouvoir”. Selon lui, la Côte d’Ivoire “connaît les heures parmi les plus sombres de son histoire. (…) Notre pays vit la pire des escalades dans la barbarie d’un clan, d’un régime fini, contre les populations civiles démunies et désarmées”.
Depuis l’échec, jeudi 16 décembre, d’une marche des partisans d’Alassane Ouattara contre la télévision d’Etat tenue par les partisans de Laurent Gbagbo, réprimée par les forces de l’ordre qui lui sont restées fidèles, “nous dénombrons près de 200 morts et 1 000 personnes blessées par balle”, assure-t-il. Selon un bilan des Nations unies, près de 50 personnes ont été tuées au cours du week-end.
LA FRANCE VIGILANTE QUANT À SES RESSORTISSANTS
La France, qui a appelé à nouveau mardi au départ sans délai de Laurent Gbagbo, s’est dite très vigilante sur la situation des 15 000 ressortissants français et des Européens installés en Côte d’Ivoire. “Nous voulons que ceci se termine vite, que ceci se termine pacifiquement dans l’intérêt des Ivoiriens”, a déclaré la ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie.
La ministre a souligné qu’aucune attaque ni menace n’avaient visé pour l’instant des Français ou des Européens, mais que la France se préparait à toute éventualité, y compris l’évacuation de ses ressortissants. Les autorités françaises estiment que les 950 soldats français du dispositif Licorne déployés en Côte d’Ivoire sont “en capacité” de procéder à l’évacuation si nécessaire. Le président sortant Laurent Gbagbo a également exigé leur départ, ainsi que celui des 10 000 casques bleus présents, mais cette demande a été rejetée par l’ONU et Paris.
L’accentuation de la pression internationale sur Laurent Gbagbo est également venue des Américains. Washington a décidé d’imposer, mardi, un premier train de sanctions à l’encontre du président sortant en interdisant à une trentaine de ses proches de se rendre aux Etats-Unis. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a enfin annoncé, toujours mardi, la tenue d’un sommet extraordinaire sur la Côte d’Ivoire, vendredi au Nigeria. Les pays membres “souhaient examiner les derniers développements (…) et voir comment [ils peuvent] y apporter une réponse collective”.
Le Nigeria évacue ses diplomates
Les autorités nigérianes ont fait savoir mardi qu’elles avaient évacué tous leurs diplomates de Côte d’Ivoire à la suite d’une attaque de leur ambassade. “Nous avons dû évacuer tous nos diplomates parce que notre ambassade en Côte d’Ivoire a été attaquée”, a déclaré à des journalistes le ministre des affaires étrangères nigérian. “Des dispositions sont aussi prises pour évacuer les ressortissants nigérians dans ce pays.”
Le Monde