La position « ambiguë » des socialistes espagnols sur le conflit du Sahara Occidental a beaucoup irrité Abdelaziz Bouteflika. Selon des documents obtenus par Wikileaks, le chef de l’Etat a même dénoncé leur « malhonnêteté « , révèle sur son site internet le quotidien espagnol El Pais.
« Les socialistes espagnols n’ont pas été honnêtes avec les Sahraouis », déclare ainsi Abdelaziz Bouteflika en août 2005 au sénateur américain Richard Lugar qui était en visite à Alger, révèle des câbles diplomatiques américains cités par El Pais. Pour l’Algérie, le soutien que l’Espagne accorde au plan d’autonomie marocain a suscité un « malaise » dans les relations entre les deux pays.
Un malaise qui se traduira notamment en 2007 par un bras de fer qui opposera l’Algérie à l’Espagne au sujet de l’augmentation des prix du gaz que Sonatrach livre à la péninsule ibérique, analysent des observateurs américains.
A cette époque, Eduardo Aguirre, l’ambassadeur américain à Madrid, a commenté, dans un mémo, « l’augmentation de 20 % du prix du gaz exporté en Espagne » opérée par l’Algérie, comme une mesure à travers laquelle Bouteflika voulait exprimer sa colère contre les prises de position de Zapatero sur la question Sahraouie, rapporte El Pais.
Pour éviter qu’une crise diplomatique s’installe avec Alger, Moratinos, ministre des Affaires Etrangères de l’Espagne, a même confié à des interlocuteurs américains que son gouvernement cherchait en 2008 à relancer les négociations entre le Maroc et l’Algérie, en associant également la France. Cependant, l’Algérie avait refusé de négocier « au nom des Sahraouis », précise El Pais.
Des mémos américains révèlent également que Moratinos a mis au point un document qui englobe toutes les propositions espagnoles sur le conflit du Sahara Occidental. Ce document sera remis, par la suite, aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité.
Dans ce document, l’Espagne propose carrément « d’abandonner les termes : la décolonisation, la souveraineté et l’indépendance et les remplacer par le vocabulaire de la «mondialisation» avec des mots tels que la régionalisation, l’autonomie et l’autonomie gouvernementale », relève encore El Pais.
Le quotidien espagnol précise encore que le gouvernement de Zapatero défendait pour le Sahara Occidental »une solution similaire à celle que l’Espagne a donné à la Catalogne ».