Vieux, mais toujours d’actualité. Cinquante ans après sa reconnaissance, le principe de décolonisation reste encore valable. Et le contenu de la résolution onusienne 1514 qui l’a consacré, depuis décembre 1960, n’est pas tombé en désuétude.
Des peuples, encore sous la domination coloniale, exigent aujourd’hui leur droit à l’autodétermination en faisant référence à ce texte historique. Pas moins de 16 territoires, qui demeurent toujours sous le joug colonial, demandent le parachèvement du processus de décolonisation.
C’est ce qu’ont souligné les participants à la conférence internationale organisée à l’occasion du cinquantième anniversaire de cette résolution, dont les travaux ont débuté hier à Alger. Une conférence à laquelle ont été invités d’éminentes personnalités politiques et des chefs d’Etat qui ont marqué l’histoire et qui sont encore sur le devant de la scène internationale. Il s’agit en particulier de l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, l’ancien président de la Zambie Kenneth Kaunda et de l’ex-président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, qui ont tous servi leurs pays respectifs et le continent noir avant de céder, sans contrainte, le pouvoir à une nouvelle génération. Il y avait également, parmi les présents, le président de la commission de l’Union africaine, Jean Ping, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, le premier président algérien, Ahmed Ben Bella et le diplomate algérien Lakhdar Brahimi. Tout en soulignant l’importance de la résolution 1514, les intervenants ont axé leurs déclarations sur les questions sahraouie et palestinienne qui posent encore de grands problèmes à la communauté internationale.
Ainsi, Pierre Galand souligne «l’exemplarité de ces deux causes qui relèvent d’un problème de décolonisation». Ce faisant, il dénonce d’abord l’attitude des autorités d’occupation marocaines qui ont renvoyé des médecins et des avocats et refoulé des missions d’aide humanitaire qui voulaient se rendre à El Ayoun occupée (Sahara occidental). Pierre Galant condamne aussi le blocus imposé sur Ghaza. Dans ce sens, il lance un appel à l’ONU pour intervenir en urgence afin de mettre un terme à cette injustice dont souffrent les Sahraouis et les Palestiniens. Il exige, dans la foulée, l’envoi par l’ONU d’une commission d’investigation à El Ayoun pour enquêter sur les violations des droits de l’homme dans cette région. «Il faut également élargir les missions de la Minurso pour faire respecter les droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés», lance-t-il.
1514, conséquence des luttes pour la libération
Les intervenants ont souligné également l’importance des luttes de libération des peuples vietnamien et algérien qui sont à l’origine de cette résolution. «Ce sont les peuples qui ont façonné, à travers leurs luttes, l’histoire des Nations unies et qui ont permis à cette organisation d’adopter la résolution 1514», affirme Prierre Galand. La résistance des peuples dominés a fini par briser les chaînes imposées par les dominateurs. C’est cette volonté d’émancipation dont disposaient les peuples colonisés qu’il faut perpétuer pour en finir avec la colonisation. «La décolonisation a besoin d’engagement et de persévérance, à travers un esprit de solidarité internationale», a déclare Tayé-Brook Zerihoun, représentant du secrétaire général de l’ONU. «Nous devons retenir les leçons du processus de décolonisation et nous ne devons pas oublier les sacrifices consentis par les peuples pour leur indépendance», plaide-t-il.
Intervenant juste après, Jean Ping a mis en exergue le rôle de l’Algérie dans le soutien aux mouvements de lutte dans le monde : «Le processus de décolonisation reste à parachever, notamment en ce qui concerne la Palestine et le Sahara occidental.»
Pour leur part, Thabo Mbeki et Olusegun Obasanjo indiquent que cette conférence constitue un «message fort» aux peuples encore colonisés tels que les Palestiniens et les Sahraouis.
Esquivant la question du Sahara occidental, Amr Moussa s’est réjoui, de son côté, de la reconnaissance, dernièrement, de l’Etat palestinien par le Brésil et l’Argentine : «Cela pourrait faire avancer les choses pour consacrer une reconnaissance par l’ONU de cet Etat avec El Qods pour capitale.»
La conférence d’Alger sera clôturée aujourd’hui avec l’adoption d’une déclaration sur le parachèvement du processus de décolonisation.