Prévue depuis 2006, la Commission nationale de prévention et de lutte contre la corruption est enfin opérationnelle. Son président et ses membres ont prêté serment, hier, lors d’une cérémonie organisée à la cour d’Alger.
«La commission entamera ses fonctions à partir d’aujourd’hui», a déclaré le président de cet organe, Brahim Bouzeboudjene, à l’issue de cette cérémonie. Selon lui, la commission nationale préparera des rapports annuels sur le phénomène de la corruption qui seront présentés au président de la République. Les membres de cette structure, explique encore son président, vont recenser tous les sujets relatifs à la corruption. «Cela exige une mobilisation de tous les services de l’Etat afin d’élaborer des politiques servant les intérêts du pays.
Les missions dévolues à cet organe seront menées sans laxisme, sans alarmisme et avec sérénité. Il faut également protéger les agents de l’Etat de toute délation», a affirmé encore M. Bouzeboudjene. Selon lui, la commission collaborera même avec des organismes étrangers dans le cadre de ses missions. Des missions définies par le décret présidentiel portant création de cette commission. Ainsi, l’organe, lit-on dans ce texte, comprend trois structures. Il y a d’abord le conseil de veille et d’évaluation, la direction de la prévention et de la sensibilisation et la direction des analyses et des investigations. La commission est chargée, entre autres, de recueillir «périodiquement les déclarations de patrimoine des agents de l’Etat, de les examiner, d’en exploiter les informations et de veiller à leur conservation». Elle devra également rassembler des preuves et procéder à des enquêtes sur les faits de corruption.
Une seule femme membre de la commission
Cette commission, composée de sept membres, sera présidée par M. Bouzeboudjene qui a occupé plusieurs postes de responsabilité : il a été directeur du budget au ministère des Finances, puis chef de cabinet du ministère des Finances à l’époque de Abdelkrim Harchaoui, ancien ministre des Finances. En 2003, M. Bouzeboudjene avait assumé le poste de chef de cabinet de chef du gouvernement. Parmi ses membres, il y a également Ahmed Ghaï (colonel de la Gendarmerie nationale), Abdelkrim Bali qui était inspecteur général au niveau de l’Inspection des services du budget au ministère des Finances, Abdelkrim Ghraib (ancien ambassadeur d’Algérie au Mali), Abed Messaoud et Abdelkader Benyoucef (procureur général à la Cour suprême). L’unique femme membre de cette commission est Mme Sabrina Temkit, haut cadre au ministère des Affaires étrangères.
La mise en place de cet organe intervient à un moment très important, jalonné par la généralisation de la corruption et l’éclatement, notamment en 2010, des grands scandales qui ont éclaboussé de très hauts cadres de l’Etat et même la plus importante entreprise du pays, Sonatrach. Cette commission aura donc du pain sur la planche.