Terrible ce que doit vivre le président Bouteflika ces dernières semaines. Il doit en vouloir à mort aux tunisiens. Pas gentil les tracas qu’ils causent au gouvernements du Maghreb. Il ne sait pas où donner de la tête. A l’intérieur, sa légitimité est contestée, son bilan critiqué, ses ministres accusés, son frère écarté. A l’est, Ben Ali a fui le pays les poches pleines comme un voleur. A l’ouest, le courant n’a jamais vraiment passé avec Mohamed VI. Au sud, le Sahel est menaçant. Mais, le pire se trouve au nord, surtout en France.
L’opinion publique découvre incrédule, combien le gouvernement français, Janus à double visages, est capable de tourner casaque en un temps records. Les éloges et les discours dithyrambiques sur le dictateur tunisien et “son miracle économique”, ont laissé place des condamnations tous azimuts.
Cette volteface a déteint sur le reste des présidents vieillissants qui concourent à qui mieux mieux sur leur longévité au pouvoir. Tous, ou presque (le roi du Maroc, et les amis des monarchies du golfe sont épargnés pour l’instant), sont pointés du doigt aujourd’hui comme étant des dictateurs et livrés en pâture à la vindicte autorisée des médias occidentaux.
Bouteflika, autrefois “sauveur de l’Algérie”, comme se plaisait à le dépeindre son ami le journaliste Jean Daniel, celui qui a concouru pour le prix Nobel de la paix en 2008, est désormais fiché sur la liste des dictateurs à déboulonner et sa tête est mise à prix en Une du journal Libération, avec ce titre moqueur : “Monde arabe. A qui le tour ?”.
Pis encore. Le très imparfait président Français se permet lui aussi de rire du président algérien en public, sous les yeux des caméras du monde entier à l’occasion G20. Une journaliste allemande, demande à Sarkozy si la France accepterait d’accueillir Bouteflika si jamais ce dernier subirait le même sort que Ben Ali. Triste fin de carrière pour Bouteflika. Des honneurs au déshonneur. L’histoire n’a pas encore fermé ses pages. Un espoir demeure. Bouteflika saura-t-il rebondir et réécrire la chute, ou lui tournera-t-il le dos comme il le tourne à son peuple ?
Redwane N