Les transitaires et les consignataires menacent de boycotter le Port d’Alger. Selon plusieurs représentants de ces deux professions, la mauvaise gestion que pratique l’entreprise portuaire d’Alger (EPAL) cause d’énormes pertes à l’économie nationale. Les consignataires et les transitaires relèvent que près de 17.000 containers, contenant divers médicaments et des produits alimentaires, sont bloqués au Port d’Alger à cause des problèmes de manutention.
Rien ne va plus entre les transitaires, les consignataires et l’EPAL. Cette dernière a provoqué le courroux de pas moins de 400 transitaires et 60 consignataires depuis qu’elle a décidé de geler toutes les activités des manutentionnaires privés qui opèrent au niveau du port d’Alger. Adoptée le 31 décembre dernier, cette mesure a réduit conséquemment le parc d’engins, grues et clarks, utilisés pour l’embarquement et le débarquement des containers.
« Un port comme celui d’Alger a besoin d’au moins 70 engins pour la manutention. En 2010, on disposait de 60 engins pour toutes les activités portuaires. Mais à partir de juin 2010, l’EPAL a gelé les activités des quatre plus importantes sociétés privées. Des lors, on ne pouvait compter que sur moins de 30 engins pour la manutention. Mais ce nombre a encore baissé à moins de 10 engins lorsque l’EPAL a gelé toutes les activités des entreprises privées au niveau du port d’Alger », révèle un consignataire qui se dit déçu par l’immobilisme de l’EPAL face à ce problème épineux.
En effet, lors d’une réunion tenue le 16 janvier avec la direction générale de l’EPAL, les représentants des consignataires ont reçu des promesses qui ne les rassurent guère. Et pour cause, l’EPAL s’ est engagée à acquérir seulement dix nouveaux engins d’ici la fin du mois de janvier. Or, cette mesure ne réglera nullement le problème de la saturation du Port d’Alger, estiment les professionnels qui demandent le retour des opérateurs privés.
Un procès verbal d’une réunion tenue le 26 décembre 2010 au port d’Alger entre la direction de l’EPAL avec les représentants des consignataires, dont nous avons obtenu une copie, fait ressortir que 6235 containers dont le séjour dépasse les 21 jours étaient encore bloqués au niveau du terminal containers géré par DP World au Port d’Alger. En revanche, le séjour de plus de 580 containers a dépassé les 2 mois et 21 jours. Sur les quais gérés par l’EPAL, ils étaient plus de 1432 containers bloqués depuis 21 jours et le séjour de 1242 autres a dépassé les 2 mois.
Début janvier 2010, la situation s’est encore davantage compliquée et des containers contenant des produits alimentaires, de la poudre du lait et des médicaments s’entassent toujours au port d’Alger à défaut d’un nombre suffisant d’engins de manutention. A ce propos, les consignataires estiment que plus de 14 mille containers séjournent encore au Port d’Alger depuis plus de 21 jours !
Par ailleurs, pas moins de 3 mille autres containers restent bloqués depuis maintenant près de trois mois. Tout indique donc que le Port d’Alger est sur la voie d’une paralysie qui risque de provoquer un désastre à l’économie nationale et au consommateur Algérien. Ce dernier sera la première victime si des produits alimentaires et des médicaments tardent à être commercialisés dans le marché.
Preuve en est, depuis le 31 décembre dernier, près de 1100 containers de poudre de lait sont bloqués au Port d’Alger. 600 de ces containers appartiennent à l’Office national interprofessionnel du lait. Selon les consignataires, le blocage de ces containers peut encore alimenter une énième crise de lait dans notre pays.
Le spectre des pénuries planent ainsi si les blocages au Port d’Alger perdurent encore. Et pour l’heure, rien ne laisse présager la moindre amélioration. Pis, le nombre de sortie des containers qui était de 1000 à 1200 par jour en 2010 a chuté à une moyenne de 100 à 150 par jour vers la fin de l’année. Et depuis le 2 janvier de cette année, à peine 40 à 60 containers arrivent à sortir du Port d’Alger après avoir accompli toutes les formalités, révèlent des consignataires décidés à boycotter l’EPAL si rien n’est fait pour revenir à la remédier à cette situation.
De leur côté, les transitaires ont observé un rassemblement jeudi 13 janvier devant la Direction Générale de l’EPAL pour manifester leur colère. Ils n’ont pas aussi hésité à saisir le ministère du Transport pour lui demander d’intervenir en urgence. A signaler également qu’une pétition a été d’ores et déjà préparée par les consignataires pour dénoncer la mauvaise gestion de l’EPAL.
Il est à souligner enfin que toutes nos tentatives pour obtenir une réaction de l’EPAL sur ce dossier sont restées, lundi, vaines.