Trente six mille enfants meurent annuellement en Algérie dont 16000 mort-nés et le reste des décès est enregistré durant la première année de la vie, a indiqué mardi 25 janvier à Alger l’Office national de statistiques (ONS).
Dans une communication intitulée « l’expérience algérienne dans l’estimation de la mortalité infantile en Algérie » au congrès sur « la mortalité infantile en Algérie », organisé dans le cadre du projet de soutien de mise en oeuvre de l’accord d’association entre l’Algérie et l’UE, M. Omar Benbella, cadre à l’ONS, a qualifié la situation actuelle « d’effrayante », car elle persiste depuis 5 à 6 ans.
L’intervenant a avancé un taux de 24,5 décès sur 1000 naissances vivantes enregistré ces dernières années, appelant à la nécessité d’établir un plan national pour la réduction de ce taux, considéré comme l’un des indicateurs de développement du pays.
La mortalité infantile durant les années 1970 estimée à 170 décès sur 1000 naissances vivantes était due à « des conditions environnementales », alors que la taux de mortinatalité enregistré ces dernières années et estimé à 24,5 décès sur 1000 naissances vivantes (décédés entre la première semaine et le premier mois de naissance) est expliqué « par une mauvaise prise en charge de la mère et du nouveau-né ».
Le directeur du plan national des nouveaux-nés, le professeur Lebbane Djamil a relevé les différentes lacunes enregistrées dans ce domaine et la méthode à suivre en vue de réduire le taux de mortinatalité en Algérie en vue d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) fixés dans ce domaine, et qui consistent à passer de 24,5 décès sur 1000 naissances vivantes à 18 décès sur 1000 naissances vivantes à l’horizon 2015.
Le professeur Lebbane, spécialiste en pédiatrie et chef de service de néonatalité au Centre hospitalo-universitaire (CHU) Mustapha Pacha, a appelé à la nécessité de réviser la loi sur la déclaration de naissance. Il a regretté le recensement de 50pc de décès à la naissance, soulignant la nécessité d’une bonne prise en charge des grossesses et de la formation dans ce domaine.
Les participants ont souligné l’importance d’un bon suivi des grossesses au niveau des centres de santé de proximité. A cet effet, la chargée du dossier de la santé et de la femme au conseil national économique et social (CNES), Mme Messaouda Chader a estimé nécessaire le suivi des grossesses dans les structures sanitaires de base et la prise en charge par les CHU des grossesses à risque ».
La président du syndicat national des sages-femmes, Mme Akila Karouche a pour sa part appelé à la formation des sages-femmes, pour remédier au manque enregistré dans ce corps paramédical qui est en charge du suivi des grossesses et souvent des accouchements notamment dans les régions isolées en manque de gynécologues-obstétriciens et de pédiatres.
M. Gye Desplanques, expert français en démographie a préconisé un bon suivi des grossesses, réitérant la disponibilité de l’UE à fournir l’aide nécessaire aux pays maghrébins, en les faisant profiter de son expérience réussie en matière de lutte contre la mortinatalité.
L’UE « est prête à aider l’Algérie à rassembler des données réelles afin de progresser dans le domaine de la lutte contre la mortalité infantile ». M. Michel Willems, expert belge en statistiques et information économique a affirmé que sa participation à cette rencontre visait à « contribuer à une meilleure prise en charge de la mortalité infantile et non pas à la modification des mesures prises, en vue de donner des indicateurs exhaustifs proches de la réalité ».