Magazine web de l'actualité du Maghreb Arabe et portail d'actualités Marocain, actualités Algérienne, actualités Tunisienne et toutes l'actualité du Maghreb

Médias et Venezuela : qui étouffe qui ?

Explorer :
Mercredi, décembre 15, 2010, 13:02
L'article publié dans Algérie. Lire toutes les articles de cette catégorie : Algérie.

« Chávez étouffe-t-il les médias ? » (Time, 29 mai 2007). La réponse ne fait aucun doute selon les patrons de presse vénézuéliens : le président du pays, M. Hugo Chávez, « bride la liberté de la presse » (BBC, 30 mars 2008). Après tout, n’a-t-il pas donné l’ordre de « fermer 34 médias d’opposition » (Le Figaro, 3 août 2009) prenant, ainsi, le « contrôle » de tout le secteur (France Soir, 3 août 2009) ?

Une étude (1) du Centre pour la recherche économique et politique (CEPR) sur l’audience des chaînes de télévision vénézuéliennes – les médias les plus importants dans le pays – démontre pourtant le contraire.

Les auteurs utilisent les chiffres d’une enquête réalisée par le cabinet AGB Panamerica de Venezuela Medicion S.A. – une filiale vénézuélienne du groupe Nielsen Media Research International – auprès de 1 000 foyers représentatifs (en termes de classes sociales, de genre, d’âge, etc.). L’étude est réalisée environ une fois par an et le document de CEPR en présente les résultats depuis le début de l’année 2000. Les chiffres sont d’une remarquable constance.

En janvier 2000, les chaînes publiques recueillaient 2,04 % de l’audience, contre 80,79 % pour les chaînes privées (neutres pour les moins politisées, radicalement opposées au gouvernement d’Hugo Chávez pour la majorité) et 17,17 % pour la télévision à péage. En septembre 2010, la part des chaînes publiques était passée à 5,4 %, celle des chaînes privées à 61,42 % et celle de la télévision à péage à 33,14 %. Cette dernière a bénéficié du non-renouvellement de la concession de la chaîne RCTV, dont elle diffuse les séries, très populaires.

Comme l’observent les auteurs de l’analyse, on est encore très loin des niveaux de concentration d’audience enregistrés en France, par exemple, où les chaînes publiques disposent d’une audience d’environ 37 %. Pourtant, lorsqu’il dénonçait une « mainmise sur les médias vénézuéliens », le 27 septembre 2010, le journaliste du Washington Post Jackson Diehl ne parlait pas de celle des entreprises de presse privées.

(1) « Television in Venezuela : Who Dominates the Media ? » (PDF), par Mark Weisbrot et Tara Ruttenberg, CEPR, décembre 2010.

(monde-diplomatique.fr)

Algérie Focus

Postez votre commentaire