Le Ministre de l’Energie et des Mines au forum d ‘El moudjahid le 17 janvier 201 annonce un investissement du secteur qui engage tout l’avenir du pays d’environ 60 milliards de dollars soit au cours actuel plus de 4200 milliards de dinars soit 420.000 milliards de centimes.
1- La première question qui se pose est qu’un simple Ministre peut-il engager l’avenir d’un pays, les hydrocarbures étant la propriété de tout le peuple algérien ?
La deuxième question comment peut –on créer 200.000 emplois une production dans els énergies renouvelables pour une production de 2600 mégawatts alors que le projet Désertec pour un investissement de 400 milliards de dollars jusqu’en 2050, dont 350 milliards d’euros pour la construction des centrales et 50 milliards pour les lignes de transmission nécessaires, selon Siemens et ce pour une production de 20.000 mégawatts ( soit presque 10 fois plus) créerait également 200.000 emplois dont 100.000 en Europe et 100.000 dans la zone Sud devant donc lever cette contradiction.
La troisième question est d’analyser la structure des couts de production et non d’énoncer des découvertes de réserves surtout du gaz pouvant découvrir des milliers de gisements mais non rentables économiquement.
Cela est d’autant plus vrai pour le gaz sachant que les USA deviendront bientôt le premier exportateur de gaz mondial avec la révolution du gaz non conventionnel le prix sur le marché libre mondial étant depuis deux années entre 4/5 dollars le millions de BTU et que la moyenne annoncée entre 2015/2020 ne devrait pas dépasser 8/9 dollars.
Quelle est le cout et la rentabilité réelle des gisements algériens d’hydrocarbures tenant compte de la concurrence internationale et des énergies substituables ?
Quatrièmement, doit être analysé le cout des énergies renouvelables à partir de fonds propres, la concurrence de projets similaires, dont Désertec, dont la réussite repose sur la ressource humaine, et cela est plus vrai pour un segment plus sensible qui est l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.
Or, le risque une fuite des cadres valables en raison des scandales qui touchent cette société qui risquent de paralyser cette entreprise stratégique, innibant toute initiative créatrice nécessaire, semant le doute sur l’ensemble des cadres en majorité honnêtes, vision bureaucratique, sans s’attaquer à la genèse de la corruption qui est l’inefficacité des institutions, qu’il s’agit bien entendu de combattre.
Si, l’Algérie est mieux dotée en gaz représentant actuellement selon les statistiques internationales 3% des réserves mondiales environ 4500 milliars de mètres cubes gazeux, contre 1% pour le pétrole dont l’expiration étant prévue dans 16 ans , il y a lieu de tenir compte de la forte consommation intérieure, 85 milliards de mètres cubes gazeux d’exportation et 70/75 milliards de mètres cubes gazeux de consommation intérieure horizon 2015/2016 selon les estimations du Creg si tous les unités programmés sont réalisées, le bas prix de cession favorisant également la forte consommation( entreprises et ménages), expliquant le déficit structurel de Sonelgaz.
Il faudra donc produire annuellement 160 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2020 donnant donc moins de 25 années de réserve en cas de non découvertes substantielles, moins si le cours est en dessous de 10 dollars le million de BTU à prix constant 2011, devant selon les experts en énergie,; soustraire 10% des gisements marginaux non rentables financièrement.
2- Dès lors se pose cette question stratégique : comment l’Algérie peut -elle aller véritablement vers un véritable développement conciliant efficacité économique et une profonde justice sociale sans une efficacité des institutions, y compris l’implication de la société civile et des contrepoids politiques et économiques, celles existantes déjà ayant été gelées ou fonctionnant mal, ayant le mérite d’exister, qu’il s’agira de perfectionner, comme la Cour des Comptes (favorisant la corruption), le conseil de la concurrence (favorisant le monopole privé » beaucoup plus néfaste que le monopole public ) et surtout le conseil national de l’Energie qui doit jouer son rôle stratégique revoyant au rôle de l’Etat régulateur l’économie de marché ne signifiant pas anarchie..
La nouvelle gouvernance tant locale que celle des entreprises ne saurait reposer sur le dicktat mais implique de comprendre la sensibilité des femmes et hommes qui composent tant la société que de l’entreprise tenant compte de la morphologie de la société suite aux travaux du prix Nobel de l’économiste indien prix Amyra Sen dans son apport sur l’anthropologie économique dans l’efficacité des organisations pour qui il ne peut y avoir de développement sans démocratie tenant compte des anthropologies culturelles.
Les institutions jouent un rôle très important sur les organisations et la société. Elles constituent un des facteurs déterminants de la croissance économique de long terme, le terme d’institution désignant « les règles formelles et informelles qui régissent les interactions humaines », et aussi comme « les règles du jeu » qui façonnent les comportements humains dans une société.
Parce qu’il est coûteux de coopérer sur le marché, il est souvent plus économique de coopérer au sein d’une organisation, la gouvernance faisant alors référence à la rationalité limitée, l’incomplétude des contrats, mais aussi à la spécificité de certains actifs (non substituables donc), et prenant en compte la nécessité d’adapter les organisations en introduisant l’importance de la confiance et du «capital social » comme ciment de la coopération.
Or je pense fermement que l’annonce faite par le Minisitre de l’Energie doit passer avant d’être avalisée par le gouvernement par le Conseil national de l’Energie. Ce dernier composé des ministres dits de souveraineté (Défense nationale, Affaires étrangères, Energie et Finances), du gouverneur de la Banque d’Algérie et du délégué à la planification a été créé par décret présidentiel le 19 avril 1995. L’article 6, stipule que «le Conseil se réunit périodiquement sur convocation de son président» le président de la République dont le secrétariat ( article 5) est assuré par le Ministre de l’Energie; est chargé d’assurer le suivi et l’évaluation de la politique énergétique nationale à long terme, notamment de la mise en œuvre d’un plan à long terme destiné à garantir l’avenir énergétique du pays; d’un modèle de consommation énergétique en fonction des ressources énergétiques nationales, des engagements extérieurs et des objectifs stratégiques à long terme du pays; de la préservation des réserves stratégiques du pays en matière d’énergie; des stratégies à long terme de renouvellement et de développement des réserves nationales en hydrocarbures et leur valorisation ; de l’introduction et du développement des énergies renouvelables ; des schémas d’alliances stratégiques avec les partenaires étrangers intervenants dans le secteur de l’énergie et des engagements commerciaux à long terme».
En résumé, il s’agit d’éviter des solutions à des problèmes mal posés, afin de ne pas se tromper de cibles stratégiques, Sonatrach s’assimilant pour l’instant, à toute l’économie algérienne exportant pour 98% et important à plus de 75% de nos besoins.
La sécurité du pays étant posée, cela implique l’urgence de la volonté politique d’amorcer une production et exportation hors hydrocarbures loin de la logique rentière intiment liée à l’extension de la sphère informelle et au monopole, supposant un réaménagement profond de la logique du pouvoir.
Ainsi le dialogue permanent, étant la vertu des grands dirigeants ,le plus grand ignorant étant celui qui prétend tout savoir, entre toute les forces sociales sans exclusive , il est ainsi il est urgent un débat national tant sur la future politique socio-économique que sur le futur modèle de consommation énergétique.
La vision dictatoriale de choix à l’ère d’Internet est dépassée. La révolution tunisienne a montré ses limites.
Professeur Abderrahmane MEBTOUL Expert International